Un Dernier Hommage à mon Père
Je voudrais vous présenter l'histoire d'un homme extraordinaire, un homme dont la vie a été façonnée par sa passion pour les bateaux. Michel Dufresne, mon père, mon guide et mentor, a tracé son chemin à travers les flots tumultueux de la vie, se façonnant une existence dédiée à sa passion pour les bateaux et la construction navale.
Qu’on le surnomme génial ou passionné, mon père a fait de la construction et la réparation navale son hobby et son gagne-pain. C’est une passion de famille. Toute son enfance en a été marquée. Son père Donat a construit ses quatre bateaux. Deux de ses frères ont bâti en tout ou en partie les leurs et deux des filles en ont possédé un.
Né à Trois-Rivières en 1944, il a préféré l'apprentissage continu à de longues études, s'élevant grâce à sa curiosité insatiable pour tout ce qui touchait aux navires. Pas de longues études, mais une quête d’informations continuelles sur tout ce qui l’intéresse tels les bateaux et l’opéra. Il y met tout son temps et tous ses sous.
Après un voyage de noces sur son voilier, il mène sa vie d’époux et de père de deux enfants, moi et mon frère Yannick.
Michel Dufresne
15/09/1944 - 27/08/2020
D’abord linotypiste, il consacre ses temps libres à la construction de ses premiers bateaux et à la navigation. Puis dans les années 75, il s’y met à temps plein. Autodidacte, c’est avec sa bible Skene’s Elements of Yacht Design, ses recherches, la lecture de documentations de toutes sortes sur les bateaux, ses travaux d’entretien et d’améliorations pour un très grand nombre de clients, ses contacts avec des pros (architectes, ingénieurs, inspecteurs, électriciens, etc.), son talent pour visualiser les formes et les dynamiques hydrauliques, qu’il se perfectionne et devient connu et recherché dans son domaine.
Mon petit papa d'amour, comme je le surnommais tendrement, a été bien plus qu'un constructeur à mes yeux; il a été le phare qui a illuminé ma trajectoire. Il m’a enseigné l'art de la curiosité, de l'indépendance, et de la créativité face aux défis. Sa patience, sa compréhension, sa optimisme et son écoute ont été les piliers de mon éducation, façonnant mon caractère, et m'ont appris à ne jamais fléchir face à l'adversité.
Des premières constructions modestes a surgi une carrière forgée par la passion et l'ingéniosité. Michel, autodidacte passionné, a tracé son chemin vers l'excellence avec patience, vision et un artisanat sans pareil. Chaque navire, du majestueux voilier au speedboat, porte l'empreinte de son dévouement pour l'art naval et la navigation.
Dans son atelier, il était bien plus qu'un constructeur de bateaux ; il était le magicien qui insufflait la vie à des coques inertes. Chacune de ses créations est le reflet d'une vie dédiée à l'artisanat, à la maîtrise des vagues, et à l'éternelle alliance entre l'homme et les flots.
Son Dernier Rêve
On s’imagine souvent que les beaux bateaux sont construits aux Etats-Unis ou en Italie.….
Mais non, certains sortent de nos chantiers locaux. Le dernier rêve de mon père a été ce runabout de 42 pieds. Un classique construit près de Champlain, à la mode des fameux Riva italiens, avec de superbes boiseries et un design absolument unique. Financé par sa sœur, ma marraine, Liliane Martino, aidé de mon cousin Marc Martino et de plusieurs artisans de la région, il termine sa carrière avec la construction de ce runabout de 42 pieds, chef-d’œuvre de modernité et de classicisme. 10 années de travail. Des artisans locaux d’un talent trop peu connu.
C’est une œuvre unique et qui suscite bien des ‘’Wow’’.
A vous d’admirer cette signature d’un passionné un peu génial de la construction navale.
Custom, Michel Dufresne
42.5 Runabout (2020)
Custom, Michel Dufresne
42.5 Runabout (2020)
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Ses Autres Réalisations
Parmi ses autres réalisations on retrouve le Vagabundo, voilier de 30 pieds.
Le Bounty de Herreshoff, grand voilier de 58 pieds, classique en bois, dont il a construit la coque.
Il bricole aussi un petit voilier digne d’un musée, le Solo, celui-là dessiné par un architecte de New York.
Par la suite, il conçoit et construit plusieurs bateaux rapides de style ‘’ runabout’’ ou ‘’ speedboat’’ , qu'il nomme Elita, de 25, 33 pieds, 36 et 44 pieds. Il les construit d’abord en bois puis en fibre de verre à partir des années 1980.